je pense donc je sais qui je suis


Je ne trouverais peut-être plus ce premier mot
qui commençait à dire quelque chose, ce mot
qui permettait d'en faire suivre un autre,
dans l'ordre même des choses.

Ici, celui qui entame est peut-être vide, sans substance, l'encre
à travers lui ne coulant plus, asséchée trop vite,
brûlée et oubliée déjà,
à peine descendue de la plume.

L'attente, l'absence entre chaque mot se traduit ici et là par un blanc
(typographique ou psychologique), semblant donner à la suite même,
à la progression, à l'évolution sémantique du texte,
à la suspension sur une ligne plane et invisible d’écriture,
une essence et un dessein muets,
non accomplis encore, dont le réveil, l'expression totale
se fera au point final, ne s'affirmant plus uniquement
sur la seule page, mais dont l'inscription dans la page s'étendrait,
transparaîtrait, se développerait alors à l'extérieur, tout autour,
d'avant et d'arrière, de gauche à droite et vice-versa,
à n'importe quel moment et sans cesse,
dans un champ de perception imperceptible
dont les yeux sont les premiers gardiens et visiteurs.

L'édifice reprendrait ainsi sa forme primordiale et originale
au travers du moulage de l'écriture, ses murs de pensées,
ses pierres soudées les unes aux autres,
rassemblées pour la même vocation,
mais libres et en perpétuels mouvements et actions,
reprenant leurs multiples dimensions.

Le blanc donc, l'attente, l'absence se justifierait
par la transposition nécessaire,
noir sur blanc, mais plus lente et moins immédiate,
de la pensée multidimensionnelle en une forme
unidimensionnelle et dépendante, le mot.

L'acte de l'écriture et sa finalité en tant que transcendance
de la pensée en un mot.




gauche left fleche ancre haut droite right fleche

ligne de basse