Au détour de la nuit
Une nuit dans son lit, le poète ne trouvant pas le sommeil, pris d’une migraine vertigineuse devant son incertitude existentielle et son angoisse métaphysique, comme un somnambule indécis sans rêve,
alluma la lumière.
Il ouvrit le tiroir de sa table de chevet et saisit le dé d’ivoire poinçonné d’ébène posé sur le jeu de cartes.
L’homme mal armé par le destin pour prendre en main le hasard jeta le dé à la surface de l’échiquier en marbre du meuble.
Le cube tourbillonna un moment sur la pointe telle une pyramide double et se posa enfin sur le six en case noire. Le point unique du dessus s’afficha de tout son poids flagrant comme une évidence sans le choix.
Le poète devant le fait accompli ne put qu’accepter la métamorphose irrémédiable qui en découlait.
Sans aller jusqu’à l’invertébré cafard kafkaïen, le joueur invétéré, jongleur inconditionnel des mots et poète perpétuel pariant sur la seule intuition créatrice se mua en momie, à moitié allongé et à moitié nu sous le drap, accoudé d’un côté, l’oreiller de travers, la tête dans les airs.
Il se devait alors d'attendre ainsi, sans un bruit ni geste brusque, le regard fixé sur le un du dé, concentré dans cet acte incoercible et insensé. Pourquoi ? Pour qui ? Pour rien ? Ou presque.
Il avait tout dit, les jeux étaient faits, la patience semblait seule s’appesantir et l'assoupir.
Dans la tête inerte du dormeur du rêve, créateur à sec, le vide, l'esprit en berne, la conscience court-circuitée, bloquée toujours au même point.
L’œil hypnotisé tombe dans le petit trou sans fond de ce cube du destin, devient aussi noir, sans éclat si ce n'est juste le reflet du blanc nacré autour.
Le gouffre l'envahit, l'angoisse le saisit, ceci ou cela devient insupportable, invivable.
La chambre tout entière se renferme sur elle-même, les murs semblent rétrécir en même temps que le sol et le plafond s'avancent l'un vers l'autre, la pièce veut s'agglutiner dans le dé, s'y enfermer, en faire un enfer.
L'individu paraît avoir perdu la partie, sans aucune idée à se mettre sous la dent ni de chance avec lui. L'insomnie est plus forte, la folie suit et le guette.
Abandonné à son sort, solitaire des heures sombres après minuit, ne fournissant plus aucun effort, l’individu s’endort dans son corps, la main toujours suspendue au-dessus de l’échiquier, les doigts engourdis comme fossilisés, statue de chair en attente d’une contingence soudaine, d’un élan du temps.
Et par le biais d’un aléas de la synchronicité quantique, d’un hasard fastidieux ou d’un coup de chance désinvolte, des signes vinrent à se manifester : l’ampoule au plafond grésilla, l’eau dans la bouteille au pied du lit se mit à pétiller légèrement, le parieur et poète paria cligna de l’œil, le un du dé se divisa en un deux, la tension dramatique retomba.
L’homme se rallongea, et se tournant sur l’autre côté, vit sa femme endormie qui souriait.
Il avait gagné.
Il ouvrit le tiroir de sa table de chevet et saisit le dé d’ivoire poinçonné d’ébène posé sur le jeu de cartes.
L’homme mal armé par le destin pour prendre en main le hasard jeta le dé à la surface de l’échiquier en marbre du meuble.
Le cube tourbillonna un moment sur la pointe telle une pyramide double et se posa enfin sur le six en case noire. Le point unique du dessus s’afficha de tout son poids flagrant comme une évidence sans le choix.
Le poète devant le fait accompli ne put qu’accepter la métamorphose irrémédiable qui en découlait.
Sans aller jusqu’à l’invertébré cafard kafkaïen, le joueur invétéré, jongleur inconditionnel des mots et poète perpétuel pariant sur la seule intuition créatrice se mua en momie, à moitié allongé et à moitié nu sous le drap, accoudé d’un côté, l’oreiller de travers, la tête dans les airs.
Il se devait alors d'attendre ainsi, sans un bruit ni geste brusque, le regard fixé sur le un du dé, concentré dans cet acte incoercible et insensé. Pourquoi ? Pour qui ? Pour rien ? Ou presque.
Il avait tout dit, les jeux étaient faits, la patience semblait seule s’appesantir et l'assoupir.
Dans la tête inerte du dormeur du rêve, créateur à sec, le vide, l'esprit en berne, la conscience court-circuitée, bloquée toujours au même point.
L’œil hypnotisé tombe dans le petit trou sans fond de ce cube du destin, devient aussi noir, sans éclat si ce n'est juste le reflet du blanc nacré autour.
Le gouffre l'envahit, l'angoisse le saisit, ceci ou cela devient insupportable, invivable.
La chambre tout entière se renferme sur elle-même, les murs semblent rétrécir en même temps que le sol et le plafond s'avancent l'un vers l'autre, la pièce veut s'agglutiner dans le dé, s'y enfermer, en faire un enfer.
L'individu paraît avoir perdu la partie, sans aucune idée à se mettre sous la dent ni de chance avec lui. L'insomnie est plus forte, la folie suit et le guette.
Abandonné à son sort, solitaire des heures sombres après minuit, ne fournissant plus aucun effort, l’individu s’endort dans son corps, la main toujours suspendue au-dessus de l’échiquier, les doigts engourdis comme fossilisés, statue de chair en attente d’une contingence soudaine, d’un élan du temps.
Et par le biais d’un aléas de la synchronicité quantique, d’un hasard fastidieux ou d’un coup de chance désinvolte, des signes vinrent à se manifester : l’ampoule au plafond grésilla, l’eau dans la bouteille au pied du lit se mit à pétiller légèrement, le parieur et poète paria cligna de l’œil, le un du dé se divisa en un deux, la tension dramatique retomba.
L’homme se rallongea, et se tournant sur l’autre côté, vit sa femme endormie qui souriait.
Il avait gagné.