_Bhagavat_
V . En route vers le ciel Kailaça
GANGA
Quand de telles douleurs troublent l'âme blessée,
O Brahmanes chéris, l'attente est insensée.
Si le remède est prêt, les longs discours sont vains.
Levez-vous, et quittez le fleuve aux flots divins
Et la forêt profonde où son beau cours commence.
O sages, le temps presse, et la route est immense.
Par delà les lacs bleus de lotus embellis
Que le souffle vital berce dans leurs grands lits,
Le Kaîlaça céleste, entre les monts sublimes,
Elève le plus haut ses merveilleuses cimes.
Là, sous le dôme épais des feuillages pourprés,
Parmi les kokilas et les paons diaprés,
Réside Bhagavat dont la face illumine.
Son sourire est Mâyâ, l'Illusion divine ;
Sur son ventre d'azur roulent les grandes Eaux ;
La charpente des monts est faite de ses os.
Les fleuves ont germé dans ses veines, sa tête
Enferme les Védas +, son souffle est la tempête ;
Sa marche est à la fois le temps et l'action ;
Son coup d'oeil éternel est la création,
Et le vaste Univers forme son corps solide.
Allez ! La route est longue, et la vie est rapide.
Et Ganga disparut dans le fleuve endormi,
Comme un rayon qui plonge et s'éclipse à demi.
----------
Pareils à l'éléphant qui, de son pied sonore,
Fuit l'ardente forêt qu'un feu soudain dévore,
Qui mugit à travers les flamboyants rameaux,
Et respirant à peine, et consumé de maux,
Emportant l'incendie à son flanc qui palpite,
Dans la fraîcheur des eaux roule et se précipite ;
A la voix de Ganga les sages soucieux
Sentaient les pleurs amers se sécher dans leurs yeux.
Sept fois, les bras tendus vers l'onde bleue et claire,
Ils bénirent ton nom, ô Vierge tutélaire,
O fille d'Himavat, Déesse au corps charmant,
Qui jadis habitais le large firmament,
Et que Bhagiratha, le roi du sacrifice,
Fit descendre en ce monde en proie à l'injustice.
Puis, adorant ton nom béni par eux sept fois,
Ils quittèrent le fleuve et l'épaisseur des bois ;
Et vers les régions des montagnes neigeuses,
Durant les chauds soleils et les nuits orageuses,
Dédaigneux du péril et du rire moqueur,
Les yeux clos, ils marchaient aux clartés de leur coeur.
Enfin les Lacs sacrés, à l'horizon en flammes,
Resplendirent, berçant des Esprits sur leurs lames.
Dans leur sein azuré, le Mont intelligent,
L'immense Kaîlaça (+) mirait son front d'argent
Où siège Bhagavat sur un trône d'ivoire ;
Et les sages en choeur saluèrent sa gloire.
Quand de telles douleurs troublent l'âme blessée,
O Brahmanes chéris, l'attente est insensée.
Si le remède est prêt, les longs discours sont vains.
Levez-vous, et quittez le fleuve aux flots divins
Et la forêt profonde où son beau cours commence.
O sages, le temps presse, et la route est immense.
Par delà les lacs bleus de lotus embellis
Que le souffle vital berce dans leurs grands lits,
Le Kaîlaça céleste, entre les monts sublimes,
Elève le plus haut ses merveilleuses cimes.
Là, sous le dôme épais des feuillages pourprés,
Parmi les kokilas et les paons diaprés,
Réside Bhagavat dont la face illumine.
Son sourire est Mâyâ, l'Illusion divine ;
Sur son ventre d'azur roulent les grandes Eaux ;
La charpente des monts est faite de ses os.
Les fleuves ont germé dans ses veines, sa tête
Enferme les Védas +, son souffle est la tempête ;
Sa marche est à la fois le temps et l'action ;
Son coup d'oeil éternel est la création,
Et le vaste Univers forme son corps solide.
Allez ! La route est longue, et la vie est rapide.
Et Ganga disparut dans le fleuve endormi,
Comme un rayon qui plonge et s'éclipse à demi.
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Pareils à l'éléphant qui, de son pied sonore,
Fuit l'ardente forêt qu'un feu soudain dévore,
Qui mugit à travers les flamboyants rameaux,
Et respirant à peine, et consumé de maux,
Emportant l'incendie à son flanc qui palpite,
Dans la fraîcheur des eaux roule et se précipite ;
A la voix de Ganga les sages soucieux
Sentaient les pleurs amers se sécher dans leurs yeux.
Sept fois, les bras tendus vers l'onde bleue et claire,
Ils bénirent ton nom, ô Vierge tutélaire,
O fille d'Himavat, Déesse au corps charmant,
Qui jadis habitais le large firmament,
Et que Bhagiratha, le roi du sacrifice,
Fit descendre en ce monde en proie à l'injustice.
Puis, adorant ton nom béni par eux sept fois,
Ils quittèrent le fleuve et l'épaisseur des bois ;
Et vers les régions des montagnes neigeuses,
Durant les chauds soleils et les nuits orageuses,
Dédaigneux du péril et du rire moqueur,
Les yeux clos, ils marchaient aux clartés de leur coeur.
Enfin les Lacs sacrés, à l'horizon en flammes,
Resplendirent, berçant des Esprits sur leurs lames.
Dans leur sein azuré, le Mont intelligent,
L'immense Kaîlaça (+) mirait son front d'argent
Où siège Bhagavat sur un trône d'ivoire ;
Et les sages en choeur saluèrent sa gloire.


